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LA TECHNIQUE DU VERRE
La
fabrication du verre
Elle se fait en
plusieurs étapes longues et difficiles. La première
consiste à préparer une pâte obtenue par la fusion à
une température comprise entre1.2000 et 1.500° de
silice mélangée à de la potasse pour en abaisser le
degré de fusion.
Au moyen âge, cette recette était empirique mais nous
la connaissons grâce à l'ouvrage du moine THÉOPHILE,
la Schedula diversarum Artium ou Traité des
divers Arts, le premier manuel technique rédigé en
Occident, probablement en
Allemagne au début du XIIe s.
Théophile préconisait un mélange fait pour deux tiers
de cendres végétales, matières à prépondérance
potassique et pour le dernier tiers, de sable de rivière,
matière à forte teneur en silice. Mais le manque de
silice rendait le verre fragile. Les composantes
alcalines du verre se dissolvait à l'humidité et, se
combinant avec divers produits contenus dans l'air,
formaient une couche de corrosion.
Aujourd'hui, on s'efforce de retirer cette couche de
corrosion par des procédés spéciaux, sans altérer le
verre |
Le soufflage
du verre
Deux techniques
sont utilisées pour fabriquer le verre.
La première est celle du manchon . En soufflant, le
verrier façonne une sorte de grande bouteille ou manchon.
Dès que le cylindre atteint la taille voulue, le verrier
la sectionne aux deux extrémités et la détache de la
canne qui lui a servi à souffler. Il ne lui reste qu'à
l'aplatir à la chaleur du four.La deuxième est celle
de la cive.
Comme pour le manchon, le verrier commence par façonner
une boule de pâte en fusion, le paraison auquel on soude
une tige de fer à l'extrémité opposée à la canne. Le
verrier imprime alors avec cette tige des mouvements
rotatifs
pour former un plateau ou cive.
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| Fabrication
par manchon a)
la boule de pâte en fusion ou paraison est
cueillie avec une canne
b) elle est façonnée
avant le soufflage
c et d) elle est soufflée
en forme de bouteille
e) le manchon est terminé
f) les extrémités en
sont sectionnées
g) le manchon est fendu
sur toute sa longueur
h) il est étalé à la
chaleur du four
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| Fabrication
par cive ou plateau a et b) les deux premières opérations
sont les mêmes que dans la fabrication par manchon
c et d) la paraison est
soufflée par mouvements rotatifs
e) le pontil ou
tige de métal est accroché à la sphère de verre, la
canne en est détachée
f) fabrication de la cive
par rotation du pontil et par élargissement de sa
surface avec une spatule de bois;
g) la cive terminée, au
centre, la boudine ou excroissance laissée par
le pontil
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Quelle que soit
la fabrication utilisée aux XIIe et XIIIe siècles, les
verres étaient inégaux et épais mais cela leur
donnaient une profondeur et une luminosité que les
nouvelles techniques du XIVe siècle n'ont jamais pu
atteindre : les couleurs obtenues sont beaucoup plus
transparentes. Ainsi, il n'a jamais été possible aux
verriers d'aujourd'hui de reproduire
l'intensité du bleu de Notre Dame
de la Belle Verrière, à Chartres (vitraildu XIIes).
La couleur est identique, mais le vitrail est transparent...
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La
boule de verre est au bout de la canne |
| De là, le
souffleur discipline le verre par le seul jeu de son
souffle et de ses lèvres (tout un art !) ; sous ce
soufle la boule de verre en fusion se creuse, s'étire
pour devenir de plus en plus importante en volume. |
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Et là, le soufle
anime la canne, elle monte, elle descend, plonge dans une
fosse où un mouvement de balancier implique au "manchon"
une forme de plus en plus étirée, cylindrique d'environ
un mètre de long et de 25 à 30 cm de diamètre |
| Manchon
au bout de la canne |
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Mais du manchon au
verre plat il y a encore quelques manipulations... Le
manchon est détaché de la canne, la calotte découpée
à l'aide d'un cordon de verre chaud. |
| Seule est conservée
la partie cylindrique qui, fendue suivant une génératrice,
sera réchauffée jusqu'à son point de ramollissement,
ouverte et étalée. L'homme ne fera qu'aider le feu, qui,
lui, saura ouvrir et étendre le cylindre pour en faire
une plaque |
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La
coloration du verre
 Sur l'échantillonnier,
mille nuances
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Colorer
les verres était une opération difficile à réussir
car les procédés étaient empiriques. Les colorants étaient
généralement des oxydes métalliques sous forme de
poudres. On les introduisait au moment de la fusion de la
pâte. En variant leur concentration, en conduisant différemment
la cuisson de la pâte, on obtenait des verres aux
teintes variées à partir d'un même oxyde. L'oxyde de
cuivre par exemple, pouvait donner plusieurs couleurs
différentes, comme le jaune, le bleu ou encore le vert.
Certaines
couleurs apparaissaient spontanément en poussant plus
que nécessaire lescuissons. Tous les verres étaient
colorés dans la masse.
Les couleurs obtenues sont désignées par des numéros
mais certains termes "étalons" sont utilisés
pour désigner une teinte précise : ainsi le rouge
signal, le vert pré, l'isly (une turquoise bien précise),
le jaune or, plus cher que le ton uni, le pourpre de
cassius, ancienne dénomination du rose à l'or obtenu
avec des oxydes de métal précieux. |
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