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LA
TRANSFORMATION DE LA CHAPELLE
Un nouveau
look
En 1965, la chapelle du collège
d'Alzon change de look pour être plus proche des
recommandations du Concile de Vatican II. A comparer les
deux photos prises l'une avant 1965 et l'autre après
cette date, vous pouvez observer un certain nombre de
modifications.
Etes vous bon observateur ? Combien de modifications avez-vous
repérées ?
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De 1 à 3 observations - C'est beaucoup trop peu. Vous
devez faire mieux. Observez à nouveau !
-
De 3 à 6 observations - C'est mieux, vous êtes en progrès.
Il faut cependant fournir encore un petit effort...
-
Plus de 7 observations - Bravo ! Vous êtes un vrai
champion
Mais de toutes les manières, lisez le billet de présentation
du Père Richard et vous saurez tout ce qu'il faut savoir
sur ce sujet.
Le billet du
Père Richard MAAS
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Le Père Richard fut
nommé professeur à Bure en 1949. Sa palette d'enseignant est
large. En pédagogue accompli, il enseigna le grec, le latin, le français, la
religion, l'histoire, l' histoire de l'art et la géographie aussi
bien aux élèves de 1e année qu'à ceux de 3e et de 5e. De 1964 à
1969, il exerça la fonction de directeur du Collège .
Sa formation est large aussi puisqu'il se forma à la
philosophie et à la théologie et qu'il suivit deux années d' études
romanes à Leuven. Toute sa vie, il fut passionné d'art et
aujourd'hui encore il consacre une grande partie de son temps à la
connaissance de la symbolique des icônes. |
| "L'Histoire est cette
merveilleuse science qui ressuscite le passé. Trente ans,
c'est peu et c'est beaucoup dans un monde qui évolue de
plus en plus rapidement au risque de l'oubli. Aussi n'est-ce
pas le moindre des mérites de cette recherche - qui a
donné lieu à une très belle exposition - que de faire
revivre ce moment post-conciliaire où le collège a pris
sa part, pour ne pas dire qu'il fut d'avant-garde (1), en
restaurant la chapelle dans le nouvel esprit insufflé à
l'Eglise du XXe siècle. Ce fut un tournant de son
histoire. Alliant l'esthétique moderne et les tendances nouvelles
que proposait pour le culte Vatican II, les promoteurs de
la restauration se sont efforcés de la réaliser en
tenant compte des nouvelles directives liturgiques et
surtout de l'esprit qui les animait.
Le crépi des murs couleur sable passa au gris-perle ;
les radiateurs enclavés dans les murs pour plus d'espace
et la suppression des courtes colonnes non fonctionnelles
permettaient aux ogives des arcades s'appuyant sur le sol
de trouver un répondant horizontal dans les arrondis des
gradins et des marches. Mais surtout, l'autel central sur
le rayonnement de grâces en découlant comme le
symbolise le pavement, conçu pour la concélébration, s'entourait
du cercle des élèves participant à l'Eucharistie, tous
peuple de Dieu. Les vitraux, élément principal,
figuratif à l'avant-chapelle, prenaient le dessein plus
abstrait et les teintes bleues propres à suggérer la
prière et le mystère du lieu pour conduire le regard
vers la grande croix oecuménique. Au centre de celle-ci,
le Christ (fer forgé et verre de vitrail) est déjà
dans la gloire du Ressuscité, mais dans le geste
classique des bras étendus, embrassant toute l'humanité,
à l'encontre de certains Christs jansénistes aux bras
levés vers le ciel. A la grande croix sont soudées des
croix plus petites qui symbolisent toutes les croix du
monde, les religions, leur désir de salut.
Voilà dans les grandes lignes le travail conçu dans l'enthousiasme
d'un renouveau par tous ceux qui y ont oeuvré, du maître
d'oeuvre aux élèves de l'époque, avec l'amour de l'Eglise et du monde
que leur a légué le fondateur de l'Assomption, le Révérend Père Emmanuel
d'Alzon, dont le collège a voulu continuer le nom et l'esprit."
En la fête du Père d'Alzon, décédé le 21
novembre 1880,
P. Richard Maas
(1) Vatican II s'est ouvert en 1963, le renouveau
liturgique s'est imposé vers 1965.
(2) Le forgeron chargé de confectionner la grande croix
fut tellement enthousiasmé par son travail que, de son
initiative, il orna la croix de clous dorés non prévus...
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Le billet du
Père Claude DESTREE
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Voici une des rares photos du
Père Destrée qui participa activement à la conception de
rénovation de la chapelle du Collège d'Alzon à Bure. Passionné
d'art, il suivi des cours de Beaux-Arts à Maredsous. Sa pensée
liturgique le conduisit à être à l'avant-garde des innovations
proposées par Vatican II. Lors de la recherche que nous
avons menée sur la transformation de la chapelle du collège
en 1965, le P. Claude Destrée nous avait beaucoup aidés
et nous avait envoyés lui-même quelques textes où il
expliquait la
symbolique du renouveau. C'est avec plaisir et émotion
que nous transcrivons ici quelques unes de ces idées. |
| "Je pense qu'une des caractéristiques heureuses
de l'oeuvre réalisée fut le juste équilibre entre le
style parfois trop triomphal du passé (Renaissance et
post-renaissance) et le trop grand dépouillement de
certaines églises modernes, jusque pour certaines, le
style cubes-cuisines. Le pendule de l'histoire oscillant
entre deux extrêmes à la recherche du juste milieu :
intégrisme progressisme et tous les" ismes" en réaction
les uns des autres, aussi bien dans le domaine de l'art,
reflet d'une société, que dans les autres domaines.
Ainsi la chapelle, tout en visant à une certaine sobriété
de lignes et de teintes, grâce surtout aux vitraux,
gardait le sens du transcendant et n'évacuait pas le
mystère propre à une vraie vie religieuse de notre époque.
Le danger existait de perdre la transcendance du sacré
en simplifiant les ornements et par l'emploi de la langue
véhiculaire. Ceci est, pour autant qu'elle ne soit pas
trop prétentieuse, une opinion personnelle au vu de
certaines déviations". Père Claude Destrée |
Hommage
posthume
Le 11 septembre 2000, le père Claude Destrée entrait dans
l'éternité. Voici l'hommage posthume que lui a rendu le Père Richard Maas.
Le collège de Bure, uni de pensée et de coeur aux
confrères et amis du P. Claude Destrée, se rappelle et
veut rappeler brièvement le travail qu'il y a accompli.
En 1965, répondant à la décision d'adapter la chapelle
du Collège à la liturgie nouvelle, on fit appel au P.
Claude. Celui-ci, à la suite entre autres des écrits du
P. Abel Fabre, s'était adonné depuis plusieurs années
à l'étude de l'art sacré. Outre son talent artistique,
une intuition très vive lui avait fait entrevoir, avant
même Vatican II, ce que serait l'art nouveau au service
de l'Église et la restauration de différents lieux de
culte avait déjà été réalisée par ses soins. D'emblée,
il accepta, dressa tous les plans de rénovation, dessina
les moindres motifs avec la minutie que nous lui
connaissions, fut presque quotidiennement durant des mois,
le maître du chantier, mettant souvent lui-même la main
à l'ouvrage et insufflant à tout le collège,
professeurs et élèves, son enthousiasme et sa volonté
de mener l'oeuvre au mieux. Nombreux encore sont ceux et
celles qui s'en souviennent; communiquant sa flamme à
tous, il donna durant les récréations le plus beau
cours pratique des Beaux-arts à ceux qui venaient l'assister.
Les jeunes générations peuvent admirer le projet mené
à bien : bancs et colonnettes remplacés par des gradins
autour de l'autel central ; sur le sol, une marqueterie
de rayons, symbole de toutes les grâces découlant de l'Eucharistie
; l'ensemble conçu pour une collégialité et une
participation active de tous. Sur le mur du fond, l'ancien
autel a fait place à la grande croix oecuménique où
toutes les Églises et toutes les croix du monde sont entées
sur celle du Christ. Et de part et d'autre de la croix, l'évangéliaire,
livre de la Parole et le tabernacle, Pain de Vie. Les
vitraux, aux larges et tranquilles ondulations verticales
où prédominent les bleus propices à l'intimité du
lieu, invitent au recueillement.
"Oh! Beauté incréée", priait saint Augustin.
Après tant d'années passées à contempler et essayer d'en
traduire les reflets ici-bas, le Père. Claude y communie
maintenant en plénitude. Nous le prions et précieux
reste son souvenir en nos murs et mémoires.
P. Richard MAAS
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